• Montage de projet

Comment gérer des situations difficiles lors d’un atelier de danse ?

Contexte

Dans le cadre de la formation TDC – Territoires Dansés en Commun, les participants français et suisses ont été amenés à rapporter des situations difficiles rencontrées, à plusieurs reprises, lors d’ateliers de pratique de la danse engageant leur public au sein de leur structure (scolaire, socio-culturelle ou médico-éducative). Il est à préciser que ces difficultés sont semblables à celles que rencontrent enseignants / éducateurs et artistes dans les autres types de projet avec public.
Ces situations sont ici mises en partage sous la forme de questions.

illu refus TDC

Comment intéresser les élèves de 4-5-6 ans sur la durée d’une séquence de danse ?

• Réduire la durée des séances à 45 minutes et prévoir une progression adaptée.

• Concevoir et mettre en œuvre des rituels de début et de fin, délimitant le temps et l’espace de la danse.

• User d’un médium (cf. les Oscyls, sculptures conçues pour la pièce OSCYL de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, directeurs de VIADANSE), faire travailler avec ou autour d’un objet.

• Développer l’aspect ludique de l’activité.

 

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Que faire quand des élèves bavardent en dansant ?

• Les élèves qui parlent en dansant sont aussi ceux qui bavardent en classe : c’est le rôle du professeur, pendant l’atelier et en dehors, de gérer ce problème et l’insistance finit souvent par payer.

• Faire la différence entre le bavardage exprimant un refus ou un manque d’engagement et le bavardage
« d’intérêt » où l’enfant parle de ce qu’il fait.

• Certains artistes ont développé des techniques de gestion de ce type de comportement qu’ils pourront partager avec l’enseignant.

• Le problème est à poser pendant un moment de concertation entre l’artiste et l’enseignant, afin de coordonner la prise en charge.

• Prévoir des moments d’échanges avec les enfants afin qu’ils puissent exprimer leur ressenti : leur donner la parole sur des délimités pour éviter la parole intempestive.

 

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Comment aider de jeunes élèves qui ont des difficultés à se mettre dans la peau d’un « personnage » ?

• Prévoir que des petits puissent avoir des difficultés à se représenter ou à mimer… ce qu’ils ne connaissent pas (exemple : un tigre).

• Anticiper avec l’enseignant pour savoir ce qui peut être abordé ou non, ce qu’il peut faire en classe pour préparer. En effet, c’est cette préparation commune qui est garant de bon déroulement. L’enseignant a intégré le projet à son plan de travail et il fait lien entre chaque intervention de l’artiste, reprenant, explicitant, prolongeant ce qui a été vu lors de l’atelier.

• User d’un médium, faire travailler avec/autour d’un objet présent, d’une image.

 

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Que faire si de jeunes élèves ont des soucis avec l’orientation (où se positionner) ?

• S’informer sur les capacités de spatialisation de la catégorie d’âge ; donner des repères précis pour le placement (plots de couleur, marquage au sol…)

• Mener pendant l’activité un travail sur l’écoute et la relation.

 

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Quelles adaptations pour des jeunes atteints de déficience mentale ?

Ces jeunes ont des difficultés de repérage dans l’espace et dans le temps, du mal à fixer leur attention ainsi que des troubles concernant la mémorisation des consignes.

• Les éducateurs et enseignants vont informer l’intervenant de ce qu’il est possible d’attendre des jeunes.

• Baliser l’espace, utiliser un codage simple (cartons de formes géométriques : cercle, carré, triangle pour figurer les structures du mouvement demandé ; plots et autres balises façon éducation physique et sportive-EPS).

Si le projet est projet croisé avec une classe « ordinaire » (exemple : un groupe de jeunes d’un institut médico-éducatif-IME mêlé à des collégiens) : la référente mise sur l’effet collectif, la guidance et la bienveillance des collégiens qui partagent le projet dansé :

• Investir les collégiens d’une « mission » d’accompagnement de leurs camarades de l’institut médico-éducatif.

• Privilégier l’échange, le partage : chaque groupe prépare pour offrir à l’autre.

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Comment se préparer au problème de la mixité et des stéréotypes ?

Problématique essentielle qui doit être au cœur du projet dansé.

En plus du projet, l’équipe – l’établissement – doit engager un travail en transversalité sur cette thématique (éducation physique et sportive-EPS, enseignement moral et civique-EMC (en France) / vivre ensemble et exercice de la démocratie (en Suisse), français, sciences de la vie et de la terre-SVT (en France) / Sciences de la nature (en Suisse), anglais, etc.)

User d’un médium, faire travailler avec, autour d’un objet et mettre déjà chacun à l’aise avec soi-même avant de pratiquer d’autres activités.

À noter : en classe, le problème se pose aussi : l’enseignant définit les binômes ou les groupes en cherchant l’équilibre et la diversité ; il explique que les situations de travail n’ont pas de liens avec l’affect ou le genre.

 

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Que faire lorsqu’il y a des groupes plus ou moins bienveillants ?

• Moquerie, dénigrement voire harcèlement : le projet danse peut amplifier une problématique déjà présente dont la remédiation doit commencer avant le projet et en dehors, avec l’équipe pédagogique, en transversalité : enseignement moral et civique-EMC (en France) / vivre ensemble et exercice de la démocratie (en Suisse), littérature jeunesse sur ce thème, en Éducation Physique et Sportive-EPS, avec l’intervention d’une association portée par l’infirmière (dans le secondaire : cadre du Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté -CESC (en France) / citoyenneté ou capacités transversales (en Suisse).

• Mais le projet artistique permet aussi de faire évoluer les représentations et les comportements : un élève pourra se révéler sous un jour nouveau.

 

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Que faire quand des élèves ont du mal à s’intérioriser et à se détacher du regard de l’autre ?

• Là encore, la remédiation doit commencer avant et en dehors du projet car le problème se pose déjà en classe (lors des activités orales, de groupes, des passages au tableau, en éducation physique et sportive-EPS …).

• Comme à l’accoutumée, les enseignants auront soin d’une part de recadrer les éventuelles remarques ou attitude blessantes et, de l’autre, d’encourager par des propos positifs. Ces comportements pourront faire l’objet d’un vrai débat « philosophique ». On pourra prendre appui sur des livres et des films validés dans les programmes.

• En concertation l’enseignant et l’artiste se penchent sur chaque cas pour chercher l’accompagnement adapté.

 

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Comment amener des élèves à « rentrer dans la danse » ?

• Faire entrer dans la danse : c’est au cœur du projet. Les élèves (sauf cas de l’atelier mené avec des volontaires) n’ont rien demandé. Pour la danse, comme pour tout domaine artistique, la façon d’amener le projet, voire de créer le désir, doit être réfléchie et adaptée à la classe, au groupe. C’est le travail de l’enseignant mais c’est aussi celui de l’artiste. Cela se fait en concertation avant le démarrage des ateliers.

• On peut évoquer, à titre d’anecdote, l’exemple de ce danseur qui, lors d’une visite précédant le début des séances, a exécuté quelques figures compliquées (un peu de hip hop), ce qui a impressionné les élèves.

• En fait, l’artiste doit, à un moment décidé en concertation, pouvoir montrer son propre travail, sa créativité et son professionnalisme.

 

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Comment réagir quand un élève est en rejet et affirme que ce que l’artiste fait ne sert à rien ?

• La réaction de l’enseignant est déterminante : il évite qu’il y ait rapport de force entre l’artiste et les jeunes. D’autant que, le plus souvent, l’élève en question aura certainement déjà manifesté son refus face à certaines activités.

• Anticiper le refus, individuel, collectif, et réfléchir à l’argumentation.

• Adapter les points de départ pour entrer dans la danse au public.

• Importance de la mise en projet faite par l’enseignant en amont de la présence de l’artiste : le refus, l’a priori d’inutilité doit avoir été traité avant les ateliers. Faire émerger les représentations en amont pour mieux définir la danse.

• Même si cela n’est pas recommandé, on peut exclure un élève qui remettrait tout en cause, mais il conviendra de prendre le temps de lui expliquer la raison et de lui faire exprimer ses motifs. De même, on lui laissera la possibilité de réintégrer le groupe dès que possible.

 

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Que faire quand quelques élèves « sabotent » les ateliers danse ?

• Le problème du comportement de certains élèves existe avant et en dehors du projet dansé. Auquel cas, ce sont les outils « habituels » qui sont mis en œuvre (contrat/fiche de suivi, exclusion, rendez-vous avec les parents).

• Si le problème de comportement est individuel et ne se pose que pendant le projet : créer un dialogue avec l’élève pour lui faire oraliser les causes de son refus; adapter sa participation (devenir le reporter du projet qui rédige un petit article à chaque séance, article qui sera utilisé pour faire un rappel en début de séance suivante – responsabiliser/valoriser).

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• Si le problème est collectif : en plus d’éventuelles sanctions, engager le débat, montrer des exemples de projets réussis, rompre le front du refus en envisageant des adaptations (diviser la classe en groupes, proposer des activités complémentaires : recherches documentaires, montage d’exposition, reportage vidéo, destinés à des élèves en refus de danse mais susceptibles de participer au projet à leur façon).

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Comment gérer un refus collectif du projet dansé ?

• Au préalable, avoir déjà mis le groupe en projet culturel plus « habituel » (exemple : en arts plastiques, en musique) et amener le projet dansé comme une suite logique. Selon les publics, solliciter des artistes connaissant deux arts complémentaires, par exemple le graff et le hip hop.

• Avant le démarrage du projet : faire émerger les représentations sur la danse, monter des vidéos de danse qui prendront le contre-pied de ces représentations.

• Engager la réflexion avec l’artiste pour avoir une attitude concertée.

• « Jouer collectif » : s’il s’agit d’une classe de collège ou lycée, on essaiera d’impliquer les enseignants d’autres disciplines, voire des parents.

 

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Comment sensibiliser les parents ?

• Informer en amont les familles et faire acte de plaidoyer.

• Prendre appui sur les programmes et les instructions officielles.

• Ne pas hésiter à mettre en place un atelier pour les parents ou parents/enfants, en dehors des heures d’enseignement, ou une séance de sensibilisation.

• Il peut être intéressant de faire apparaître les projets dans le bulletin et d’y noter les progrès de l’élève.

• Faire des bilans avec les élèves en cours et en fin de projets.

• Selon le cas, des projets de recherche aideront à évaluer plus précisément les bénéfices concrets des actions.

 

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Comment « embarquer » chacun dans l’aventure ?

• Co-construire le projet

• Préparer les élèves au projet (mais aussi les parents, les autres enseignants, la direction).

• Assurer la continuité entre les interventions de l’artiste

• Organiser une forme de restitution (carnet de bord, rendu d’atelier, etc.).

• Prévoir la valorisation.

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